Les résultats du trail du Limousin (58 km, Ambazac, 87), le 8 juin 2014

Il a fendu la foule à un kilomètre de l’arrivée avec cette dernière côte fatidique qui se termine par quelques marches. Il a véritablement savouré l’instant présent et célébré comme il se doit sa magnifique course.

Deux fois au pied du podium sur le 32 km, Romuald De Paepe avait opté cette année pour la distance la plus longue des Gendarmes et des voleurs de temps 2014: 58,430 km et 2 410 m de dénivelé positif. Un parcours exigeant, roulant, où « pas un instant (il) n’a marché » malgré les montées et les descentes. Et sur la ligne d’arrivée après 5h02mn46s d’effort, nul besoin de lui poser la question. Romuald De Paepe est « heureux« . Il remercie son manager, Adidas son sponsor, le public, regarde le ciel, le soleil et évoque avec émotion une course parfaitement gérée. « J’ai été très concentré. J’ai bu 4 litres d’eau durant tout le parcours, je me suis aspergé toutes les 10 mn, j’ai mangé régulièrement et je dois l’avouer aujourd’hui : je volais ! »

A 39 ans, Romuald, qui s’est mis sérieusement au trail depuis 5 ans, ne cesse de progresser. Le directeur d’école, enseignant en CE1/CE2 du côté de Reims, parvient à s’entraîner 5 à 6 fois par semaine mais il trouvait que si la fréquence était bonne, il manquait d’endurance. Il a donc passé ses sorties longues de 2 à 3 heures et ajouté des séances de dénivelé. « C’est pas forcément très simple car chez moi, les côtes il faut les trouver…. » Alors il a enchaîné la même côte 24 fois en terminant par 40 mn de footing pour rentrer à la maison. Un entraînement qui a payé. « C’était mon premier gros objectif de la saison. Maintenant je vais récupérer et me préparer pour le Trail de la côte d’Opale en septembre qui sera le deuxième gros rendez-vous. De fait, je n’irai pas faire les championnats de France de trail car il n’y a qu’une semaine d’écart. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Si la préparation est importante, la récupération l’est aussi. »

Et il fallait être prêt pour ce 58 km qui s’est disputé par une forte chaleur (près de 30 degrés), avec heureusement de grandes portions en forêt. Un peu d’ombre mais pas suffisamment pour Benoit Holzerny visiblement éprouvé sur la ligne d’arrivée. Après un 80 km de l’Eco trail 2014 où il avait terminé littéralement épuisé, il semblerait que le Manceau n’ait pas tout à fait récupéré. Et s’il était heureux pour son copain, celui qui sera au départ de la CCC en août prochain, il ne cachait pas sa frustration. « On est resté à quatre durant 25 km avec deux petits jeunes, après la 30e nous n’étions plus que trois. Je voyais bien que Romuald était bien. Il grimpait bien et prenait de l’avance, je le reprenais en descente mais il était plus fort que moi aujourd’hui. Quand il s’est échappé autour du 50e, je savais que je ne pouvais pas revenir car je connaissais la fin du parcours et ce qui m’attendait alors j’ai préféré relâcher et me préserver pour la suite de la saison. » Il termine deuxième, comme l’an passé (dernière Sylvain Court sur 68 km), mais bien plus frustré et bien plus épuisé.

Deux révélations : une chez les hommes et une chez les femmes

Le troisième homme sur le podium est un nouveau venu, un petit jeune de 25 ans venu de Rouen. Depuis trois ans, il expérimente le trail et essaye d’intensifier son entraînement. « Je cherche mes limites, tout en préservant ma santé. » Sur ce trail du Limousin, il a tenté un va-tout, rester le plus longtemps possible avec la tête de la course. Un choix d’un « jeune chien fou » qui lui permet de se faire un nom. Economiste de la construction, dans un bureau d’étude, Victorien Lanon, la tête bien faite aime avant tout les challenges. « J’ai tenu jusqu’au 30e, mais après je ne pouvais pas suivre. Je voulais voir combien de temps je pourrais tenir avec eux. Je savais que j’allais exploser je ne me faisais pas d’illusion mais je voulais apprendre à gérer cette explosion. » Tenir, tel a été son maître mot sur les 28 km restant. Un long moment de solitude où « j’ai compris que lorsque ça ne va pas bien, il faut prendre le temps de boire, manger et cela revient. J’espérais terminer dans les 10, 3ème c’est top. Je serai maintenant au départ du 80 km du marathon du Mont Blanc à la fin du mois puis sur la CCC qui sera mon gros objectif de l’année. »

Badia El Hariri victorieuse en 6h06mn06s

Chez les femmes, superbe victoire en solitaire de Badia El Hariri qui boucle son parcours en 6h06mn06s, 12ème du classement général. Elle franchit la ligne pourtant mi-figue mi-raisin, déçue par son chrono et par une douleur au niveau du bassin suite à une lourde chute au 2ème km. Après quelques années sur la piste sur 3 000 m, Badia a stoppé son activité avant de renouer avec la course à pied et surtout le trail, il y a un an. « C’est un parcours comme je les aime très technique avec des passages de ruisseaux, des cailloux, des sentiers, des mono-traces avec beaucoup de changements de rythme. » A 34 ans, Badia ne compte pas s’arrêter là et sera au départ du 42 km de l’Aubrac, sur la 6 000 D, les championnats de France de trail et les Templiers…

Sur le parcours, il fait de plus en plus chaud. Les derniers du 32 km franchissent la ligne tandis que le gros du peloton est encore loin. Alors que le départ du 10 km est donné à 16h, moins de la moitié des coureurs du 58 km ont franchi la ligne…. La route est encore longue.

Les résultats
Hommes