« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu« . Cette citation de Jules César, lui va si bien. Kilian Jornet a une nouvelle fois marqué les esprits en ce week-end du marathon du Mont-Blanc, théâtre des championnats du monde de skyrunning.
Après avoir remporté le kilomètre vertical et établi le nouveau record, l’Espagnol a confirmé sa suprématie en remportant pour la troisième fois consécutivement le marathon du Mont-Blanc. Et c’est en compagnie de Bruno Brunod qu’il a franchi la ligne afin de rendre hommage au premier champion du monde de skyrunning (en 1998) mais aussi à l’ancien détenteur du record de l’ascension du Cervin, record que Kilian Jornet a battu le 21 juillet 2013.
Pas de joie explosive pour l’Espagnol, juste un sourire et un salut au public lorsqu’il franchit la ligne après 3h23mn29s d’effort. Une réserve qui le caractérise tant. Il se place alors sur le côté attendant de découvrir qui sera son second. Et c’est le Français Michel Lanne qui arrive à toute allure un peu plus de deux minutes plus tard suivi à 30 secondes par l’Anglais Thomas Owens.
Au vu des conditions météos annoncées avec de la pluie durant toute la matinée, du vent et des températures ressenties, l’organisation avait décidé de proposer un parcours B aux 2 291 coureurs au départ. Ils ont eu raison car le ciel est gris et c’est sous des trombes d’eau que les marathoniens du jour se sont exprimés (voir l’annonce de la direction de course). C’est donc sur 41 km de course et 2 300 m D+ que la bataille a fait rage. Sur la première partie inchangée du parcours entre Chamonix et le col des Posettes, Kilian Jornet a surveillé. « Jusqu’à Vallorcines, c’est comme de la course sur route, ça va vite. C’était la partie la plus difficile pour moi car il fallait de la vitesse et j’en manque un peu depuis le McKinley, » explique le futur vainqueur. Huit hommes sont alors en tête avec bien sûr Kilian Jornet mais aussi par exemple Michel Lanne, le Marocain Zaid Ait-Malek, l’Anglais Thomas Owens, l’Espagnol Aritz Egea et le Suisse Marc Lauenstein. Mais voilà un terrain qui lui est bien plus favorable dès la montée du col des Posettes. Kilian Jornet s’échappe, seul Michel Lanne parvient à s’accrocher tandis que Thomas Owens, Zaid Ait-Malek commencent à décrocher. « La deuxième partie de course était bien plus technique et bien plus agréable pour moi. J’ai commencé alors à prendre du plaisir. J’aime ces conditions météorologiques, je préfère quand il fait froid. »
| Kilian Jornet tentera l’Everest en 2015
En aparté, l’Espagnol a confirmé que son prochain objectif après la Hardrock (USA) le 11 juillet 2014, sera la tentative du record de l’ascension de l’Aconcagua (Argentine, 6 959 m, record à battre 5h57mn) d’ici la fin de l’année. En 2015, il effectuera certainement une première tentative sur l’Everest (8 848 m, record à battre 20h24) mais annonce que « ça ne se fera pas en une fois » et qu’il lui faudra certainement plusieurs tentatives pour y arriver. |
Mais ces poursuivants n’ont pas encore dit leur dernier mot à l’image de Michel Lanne qui avait décidé que cette épreuve sera son objectif de l’année. « Je n’avais qu’une seule stratégie avant le départ, ne pas laisser revenir derrière et aller chercher ceux qui seraient devant. » Le Français donne donc tout ce qu’il a. « Michel et Zaid ont fait une super descente, » commente Kilian Jornet, « J’ai donc accéléré dans la montée de la Flégère car je savais que Michel ne lâcherait rien. » « A Tré-le-Champ, je suis revenu sur Kilian. J’ai été très surpris et heureux mais je ne me suis pas emballé car je savais que Kilian était très fort aujourd’hui et qu’il serait difficile, voire risqué, de vouloir jouer la gagne avec lui dans la montée vers la Flégère. Il a placé une grosse attaque et je ne suis pas parvenu à le suivre. J’ai poursuivi ma course sur un rythme très soutenu, mais en gardant toujours des forces pour ne pas exploser avant la Flégère. Je savais que Tom Owens, Said et Aritz n’étaient pas loin derrière et que la moindre faiblesse me ferait immédiatement rétrograder au classement et quitter le podium. Mais malgré cette pression, j’ai pris un plaisir immense à courir sur cette partie du parcours. »
L’écart est fait et ce n’est pas dans la descente vers Chamonix (le parcours ne passait pas par le Brevent et l’arrivée était jugée en ville et non à Planpraz) que l’histoire pouvait être réécrite. « Je suis allé à bloc en réfléchissant un minimum. J’ai fait une course parfaite. Ce n’est qu’en entrant dans Chamonix que j’ai réalisé vraiment que j’allais devenir vice-champion du monde de Skyrunning derrière la légende Kilian. Quel bonheur, quel instant magique. J’ai savouré le dernier kilomètre comme jamais. Je me souviendrai toute ma vie de ce moment et du plaisir que j’ai ressenti. Maintenant j’ai juste peur de me réveiller et de réaliser que tout ceci ne soit qu’un rêve ».
Derrière, ça se bat toujours et c’est finalement l’Anglais Thomas Owens qui s’octroie la troisième place devant le Suisse Marc Lauenstein à dix petites secondes.
Chez les femmes, la bataille fut encore plus intense avec des postulantes au titre parties comme des TGV. Chacune tentant de prendre l’ascendant. Sur la ligne d’arrivée, c’est l’Italienne Elisa Desco (compagne de Marco De Gasperi, deuxième en 2013), championne d’Italie de course de montagne et troisième des champions du monde 2013 qui s’impose en 3h53mn33s. Elle est suivie de deux américaines Megan Kimmel (3h54mn51s) et Stevie Kremer (3h55mn36s). Stevie, victorieuse en 2013 et qui s’octroie le titre de championne du combiné 2014 avec cette troisième place et sa victoire sur le kilomètre vertical, ne cachait pas sa joie. Et lorsque l’on demanda à la nouvelle championne du monde de skymarathon ses impressions, c’est elle qui répond : « Excellent, excellent ! » avant que l’Italienne puisse s’exprimer. « Je ne pensais pas décrocher le titre car Megan et Stevie sont vraiment très fortes. Je suis surprise et c’est une énorme satisfaction, » commente Elisa Desco qui sera au départ des prochains champions d’Europe de course de montagne à Gap le 12 juillet 2014. Megan Kimmel avouait quant à elle avoir vécu une course difficile. « J’ai vraiment souffert dans les ascensions, j’avais froid et j’avais des crampes… Alors deuxième, je suis très très contente. » Enfin, Stevie Kremer affirmait avoir passé un très bon moment « On ne sait jamais à quoi s’attendre avec un tel plateau. J’aime venir ici, c’est beau même si aujourd’hui on n’a pas vu grand-chose. Ce fut difficile et une belle bataille. Je ne fais pas aussi bien que l’an passé mais je n’ai aucun regret. Les meilleures ont gagné. «
Des propos confirmés par Eric Lacroix présent sur la ligne. « Que ce soit chez les hommes ou les femmes, je crois que les podiums sont conformes à la hiérarchie. Nous avons eu de belles luttes et il y avait ce qui se fait de mieux dans le monde du trail donc rien à dire. Et au final, Kilian Jornet a confirmé qu’il était toujours le meilleur. »
Petit à petit l’effervescence retombe. Et lorsque le peloton commence doucement à arriver, la pluie cesse enfin offrant un peu de répit à celles et ceux qui sont encore en course. Ils ont jusqu’à 16 h 08 pour franchir la ligne d’arrivée soit après 9h08 de course !
- Les résultats
Hommes
- Kilian JORNET (Espagne), 3h23mn39s
- Michel LANNE (France), 3h25mn50s
- Thomas OWENS (Royaume-Uni), 3h26mn20s
- Marc LAUENSTEIN (Suisse), 3h26mn30s
- Manuel MERILLAS-MOLEDO (Espagne), 3h27mn50s
- Eirik-Dagssonn HAUGSNES (Norvège), 3h28mn07s
- Aritz EGEA (Espagne), 3h30mn17s
- Marcin SWIERC (Pologne), 3h31mn40s
- Florian REICHERT (Allemagne), 3h37mn54s
- Greg VOLLET (France), 3h39mn17s
….
Les Français
12. Emmanuel MEYSSAT, 3h40mn25s
19. Nicolas MARTIN, 3h43mn42s
23. Augustin GUIBERT, 3h46mn03s
24. Pascal GIGUET, 3h46mn13s
27. Arnaud PERRIGNON, 3h48mn37s
Femmes
- Elisa DESCO (Italie), 3h53mn33s
- Megan KIMMEL (Etats-Unis), 3h54mn51s
- Stevie KREMER (Etats-Unis ), 3h55mn36s
- Kasie ENMAN (Etats-Unis), 4h03mn14s
- Azara GARCIA (Espagne), 4h05mn41s
- Maite MAIORA-ELIZONDO (Espagne), 4h08mn41s
- Hiske WEISSMANN (Pays-Bas), 4h11mn49s
- Nuria DOMINGUEZ-AZPELETA (Espagne), 4h13mn21s
- Anne-Lise ROUSSET (France), 4h14mn34s
- Laia ANDREU-TRIAS (Espagne), 4h18mn29s
Les Françaises
13. Stephanie JIMENEZ, 4h24mn02s
15. Virginie GOVIGNON, 4h33
16. Amandine FERRATO, 4h34mn02s
20. Sandrine MOTTO-ROS, 4h45mn17s
24. Stephanie ROY, 4h51mn11s
Les résultats complets du marathon du Mont-Blanc 2014
- Les statistiques
Nombre de partants : 2291 dont 372 femmes (16,24% du peloton)
A 12h
Finishers : 323 (14,10% des partants) dont 32 femmes (9,91% des finishers et 8,60% du peloton)
Abandons : 69 (3,01% des partants)
A 14h30
Finishers : 1818 (79,35% des partants) dont 228 femmes (12,54% des finishers et 61,29%du peloton)
Abandons : 88 (3,84% des partants)
Au final
Finishers : 2168 (94.63% des partants) dont 340 femmes (15.68% des finishers et 91,40%du peloton)
Abandons : 123 (5,37% des partants)
- La galerie photos
La vidéo du Team Salomon
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