La veille, il avait refusé qu’on le place parmi les favoris. « Fabien (Chartoire, ndlr) est beaucoup plus fort que moi en ce moment et le plateau est tel que la bataille va être féroce. Depuis trois semaines Fabien est très fort alors que moi je suis dans le dur. »
A l’arrivée, au terme de 50 km et 3h39mn37s d’effort, c’est pourtant bel et bien lui qui place la couronne d’Olivier sur sa tête avant de franchir la ligne d’arrivée en grand vainqueur. Patrick Bringer a mené sa course d’une main de maître. Les difficultés du parcours, les mono-traces, les zigzags, les passages techniques dans les cailloux, rien n’a freiné sa progression. « J’ai senti très vite que Fabien, Sylvain (Court, ndlr) ou les autres avaient des difficultés dans les parties montantes. Pourtant, c’étaient des montées sèches alors que je préfère quand elles sont plus longues, mais aujourd’hui ça passait vraiment bien. »
Ce matin à 9h10, pour ce départ du 50 km, face au Casino, les favoris se succèdent au micro afin de donner leurs sensations, tout le monde est prudent, personne n’ose vraiment faire des pronostics. Il pleuviote, le sol est mouillé et chacun sait que la course sera complexe d’autant que le parcours a été modifié et aucun des participant n’a pu le reconnaître. Au top départ, le peloton s’élance très vite et arrive en quelques minutes aux pieds de la première bosse située à 1 km du départ. Les favoris sont là avec Nicolas Miquel aux avants-postes. La montée est avalée par les premiers au petit trot. Derrière, les mains sur les cuisses et la marche sont de rigueur. Le chemin est encore long.
La pluie fait sont apparition et trempe le terrain et les organismes. Un grain qui ne durera pas, fort heureusement. Au 15e km, Sylvain Court, vainqueur en 2013 est dans le groupe de tête suivi comme son ombre par Fabien Chartoire et Patrick Bringer. Sept hommes se détachent. Concentrés, ils ne laissent rien paraître sur leur visage, tandis que derrière, déjà, Emmanuel Gault éprouve des difficultés. Victime d’une gastro-entérite, il ne terminera pas. Damien Vierdet est lui aussi distancé, il abandonnera victime de contractures dans les cuisses « les cailloux ont eu raison de moi. » L’homme qui prépare le marathon des Sables a préféré ne pas prendre de risques.
Le parcours tracé dans la Clape éprouve les organismes et au 30e km, quatre hommes ont pris le commandement avec Emmanuel David, Fabien Chartoire, Sylvain Court et Patrick Bringer. C’est là que le « Phoenix renaît de ses cendres, » s’exclame Fabien Chartoire dans un grand éclat de rire, en évoquant la victoire de son ami. Dans une nouvelle bosse, Patrick Bringer place une accélération et gère la montée au train laissant ses adversaires sur le carreau. « C’est une victoire qui fait du bien. C’était génial. Le parcours est magnifique, les bénévoles et l’organisation incroyables, je tiens à le dire. En course, on ne prend pas le temps de faire un sourire ou un geste mais je vous tire mon chapeau à tous. »
Au fil des arrivées, ce sont ces mots qui reviendront le plus souvent avec en plus un tracé parfait, des monotraces bien nettoyées, et un parcours permettant de découvrir toutes les merveilles de la région.
« Par rapport à l’an dernier, la fin est bien plus belle et plus technique. Le long passage bitume a disparu et jusqu’au bout, il faut se donner. C’est vraiment un circuit compliqué avec des passages très techniques où il faut être très concentré. Vraiment, vraiment sympa », affirme ainsi Fabien Chartoire après avoir longuement félicité le héros du jour. « C’est parti très vite aujourd’hui, je ne termine pas si mal mais Patrick était vraiment très fort aujourd’hui. Il a bien caché son jeu, il était comme sur un nuage. »
Un autre homme était heureux. Maxime Cazajous, 2e l’an passé et pas du tout déçu par sa troisième place sur le podium bien au contraire. Son fils dans les bras, il a cru après 1h30 de course qu’il ne pourrait pas terminer victime d’un point de côté mais 30 minutes plus tard, les sensations sont revenues et il a pu reprendre dans un premier temps Sylvain Court « qui marchait » (victime d’une chute, Sylvain Court abandonnera tout comme Nicolas Miquel, victime de son départ trop rapide, ndlr). « Le Phoebus était mon objectif, j’avais choisi cette manche du TTN afin de pouvoir participer aux championnats de France de Buis les Baronnies. Le parcours était bien plus technique que l’an passé et plus sympa encore.«
De ce tracé qui a véritablement fait l’unanimité, Laurence Klein qui effectuait son grand retour à la compétition après son abandon aux Gendarmes et aux voleurs de temps en mai dernier suite à des problèmes au tendon d’Achille (A 2 cm de la rupture totale), a retenu les odeurs de thym et les cailloux. Prudente, ne sachant pas trop où elle en était, celle qui a déjà gagné trois fois le marathon des Sables et sera au départ de la prochaine édition, a laissé Sylvaine Cussot s’échapper dès les premières kilomètres et est à une minute au 15e km. « Là les sensations sont revenues, j’ai retrouvé mon souffle, mes jambes, le plaisir et je suis revenue sur Sissi. Ensuite je suis partie. A 45 ans, j’ai la sensation de rajeunir. Peut-être que ces sept mois sans courir m’ont fait du bien, je me suis régénérée, j’ai retrouvé le plaisir, l’envie. La traversée de la Clape est vraiment magnifique et je termine à 14 km/h sur le plat, donc je me dis que tout semble bien en place. On verra pour la suite de la saison, mais je suis heureuse, c’est un retour parfait.«
Pour « Sissi » Cussot, le sourire était aussi de mise. Sereine durant la course, elle avouera quand même être partie un peu vite mais que de toute façon Laurence était la plus forte. « J’ai bien essayé de m’accrocher mais c’était impossible. Je suis ravie de ma course, » conclut celle qui avait déjà terminé deuxième l’an dernier.
Il était alors temps pour les deux championnes d’aller saluer et réconforter leurs deux champions, Damien Vierdet pour la première et Emmanuel Gault pour la seconde qui n’avaient pas pu boucler leur parcours. Une course, où il y aura eu beaucoup d’abandons et d’organismes éprouvés.
Il suffisait de se rendre dans la salle de massage et d’observer les visages marqués et les corps meurtris pour prendre la mesure des efforts fournis pour boucler ce parcours version 2014 magnifique mais « taquin » comme le qualifiait le grand vainqueur du jour.
Les résultats
- 50 km
Hommes
1. Patrick Bringer, 3h39mn37s
2. Fabien Chartoire, 3h41mn47s
3. Maxime Cazajous, 3h47mn11s
4. Emmanuel David, 3h51mn59s
5. Alexandre Hayetine, 3h54mn27s
Femmes
1. Laurence Klein, 4h35mn21s
2. Sylvaine Cussot, 4h44mn35s
3. Amelie Sparfel, 5h01mn46s
4. Maryse Abbamonte-Me, 5h14mn50s
5. Anouk Lahache, 5h30mn33s
450 inscrits – 354 coureurs classés
Le classement complet du Phoebus Trail 2014
- 25 km
Hommes
1 . Fabien Merchat , 1h46mn36s
2 . Thomas Galpin , 1h55mn03s
3 . Fabien Delpy , 1h55mn33s
4 . Avelino Alves Lima , 1h56mn43s
5 . Alexis Mottet , 1h56mn49s
Femmes
1 . Caroline Dubois , 2h02mn18s
2 . Adelaide Pantheon , 2h10mn09s
3 . Laurence Nogue , 2h13mn28s
4 . Houria Frechou , 2h20mn20s
5 . Maud Respaud , 2h20mn57s
711 inscrits – 618 classés
Le classement complet du Las Caladas 2014
- 8 km Femmes
1. Christelle Monier, 34mn58s
2. Florence Colomb, 37mn14s
3. Mireille Franc, 39mn31s
4. Georgette Pairo, 41mn49s
5. Emmenuelle Dupuy, 44mn37s
124 inscrites – 109 classés
Le classement complet de la Grussanote