Les résultats de la Maxi-Race (Annecy, 73), le 31 mai 2014

« C’est extraordinaire« , « Que c’est beau !« . En haut du Semnoz après 19 km de course, les coureurs surplombent la vallée. Le soleil se lève à peine éclairant le ciel de lueurs rouges tandis qu’une mer de nuages s’est formée offrant un parterre blanc magnifique.

C’est presque en ces quelques mots que Sébastien Spehler résume les sensations qu’il a éprouvées dans la dernière ligne droite menant à l’arrivée. C’est indiscutablement l’homme en forme du moment avec une superbe fin de saison 2013 et un non moins impressionnant début d’année. Le champion de France de trail long 2013, qui a commencé 2014 en s’imposant sur le 47 km du Trail de Besançon,  le Lyon Urban trail et le  trail du Ventoux, a mené la course à son rythme sans jamais s’inquiéter de ce qui se passait en tête de peloton.

Car si certains coureurs savourent le lever du soleil au sommet du Semnoz, la tête de course a déjà avalé cette première difficulté et atteint le premier ravitaillement quelques mètres plus bas dans une nuit noire à peine étoilée. En tête deux hommes, Ricky Lighfoot, champion du monde en titre et Aurélien Collet. L’Anglais est venu tester le parcours qui sera celui des prochains championnats du monde en 2015. Côté Français, une place pour l’Equipe de France est à gagner et la lutte s’annonce chaude avec quasiment tous les spécialistes de la course en montagne présents. Au départ, Sébastien Spehler et Fabien Antolinos en tant que champion et vice-champion de France avaient leur billet en poche. Le troisième ticket étant pour Julien Rancon, 3e des mondiaux 2013 et en pleine préparation des championnats d’Europe de Course en montagne qui se dérouleront le 12 juillet 2014 à Gap. Pour les trois autres places, deux seront attribuées lors des prochains championnats de France de trail à Buis les Barronies, le 28 septembre 2014 et une était mise en jeu au départ de cette Maxi-Race.

Alors à la sortie du premier poste de ravitaillement, on sent que la course est loin d’être décantée. De par le parcours mais aussi les hommes en tête. Après ce premier stop, une belle descente s’offre au coureur mais il faut ensuite remonter puis redescendre avec un passage un peu plus plat et une nouvelle descente à Doussard. Le soleil ne parvient pas à franchir les nuages et la température est idéale pour une belle bataille. Ce qui devait arriver arriva. Un groupe de cinq hommes se forme. En son sein : Patrick Bringer, Sylvain Court, Xavier Thevenard, Ricky Lightfoot et Clément Petitjean  suivi de Julien Chorier légèrement décroché puis Fabien Antolinos et enfin plus loin Sébastien Spehler…

Parti comme à son habitude sans avoir fait une seule reconnaissance, l’Alsacien avait affirmé à son entourage que c’est à Doussard que la course commencerait pour lui. Son objectif avoué était de se tester sur une course longue de 86 km et présentant 5 300 m de dénivelé car si ce n’est sa victoire en 2013 sur le Lavaredo (85.3 km pour 3 541 m de D+ sur un parcours modifié), il n’est guère habitué à ce format. En vue des championnats du monde un test grandeur nature était important. Fidèle à sa stratégie, il a donc, à mi-parcours, lancé  la machine pour revenir sur les hommes de tête, en prendre le commandement et s’imposer en 8h45mn. « Il faut encore que je travaille mon endurance car je sens bien que la distance idéale est encore autour de 50/55 km. C’est pourquoi il était important que je vienne afin d’établir une préparation pour l’an prochain. »  

Un final au sprint pour le podium

Derrière c’est la lutte finale. Car Fabien Antolinos est revenu aux avant-postes. Il ne reste plus que Patrick Bringer et Xavier Thevenard qui veulent tous les deux leur billet pour les Mondiaux. Chacun attaque. « C’était un sacré chantier cette course. De par le parcours mais surtout par la bataille qui s’y est menée, » explique Fabien Antolinos. « Je n’étais jamais venu ici. En conclusion, il est à la fois courant, technique voire parfois très rapide. Il faut aller au bout de soi-même et puis tenir pour rallier la ligne d’arrivée. Je voulais uniquement courir pour moi et reconnaître ce parcours. Je me suis rapidement retrouvé tout seul puis tout en restant à mon rythme je suis revenu sur Lightfoot et Sylvain Court et les autres. Lorsque Sébastien est revenu, il est resté un peu puis  il a pris l’avantage, la lutte était donc entre Xavier Thevenard, Patrick Bringer et moi. La descente était pénible dans les cailloux et Xavier menait le train. On s’est accroché et à la sortie de la forêt dans le dernier kilomètre on était trois. Dans la ligne droite, Xavier a cédé. Après, il nous est apparu à Patrick et moi-même que terminer ensemble c’était bien car moi, j’avais mon billet en poche pour les Mondiaux. »

Et nul besoin de demander à Patrick Bringer et Xavier Thevenard, si la sélection en Equipe de France était l’une de leurs motivations tant la joie et la déception de l’un et de l’autre étaient visibles. « J’avoue : j’avais peur de la durée de la course, j’ai fait un bon début de saison mais j’ai opté pour un départ prudent en restant avec Julien Chorier et Xavier Thevenard. A Doussard, comme prévu j’ai attaqué et pris la tête de course. Ensuite, quand dans la descente Sébastien m’a repris, il m’a dit : « Gère ta qualif ! Sois prudent ». Sébastien est vraiment une jambe au dessus de nous, ce sera un beau leader en équipe de France. De mon côté,  je n’avais que ça en tête : la qualif ! J’ai donc été prudent dans la descente. Xavier est revenu plus vite que je ne le pensais mais je suis un ancien triathlète et j’avais confiance pour l’emballage final. Fabien est aussi un client sérieux sur les fins de parcours mais il avait déjà son billet. En plus c’est un ami, alors c’était sympa de finir ensemble. »

Le perdant est donc Xavier Thevenard, au pied du podium et sans billet pour l’Equipe de France puisqu’il ne sera pas au départ des prochains championnats de France de trail car en lice sur la Diagonale des Fous à la Réunion. « Oui c’est vrai j’aurais aimé avoir mon billet mais c’est le jeu. Maintenant il y a à la fin du moins de juin, le 80 km des championnats du monde de sky running à Chamonix, c’est un objectif prioritaire et j’ai de quoi me relancer. J’ai tout essayé notamment dans la descente car je savais que sur la route je ne pourrais pas lutter. Sur cette course, j’ai eu des hauts et des bas et je manquais de fraîcheur, je l’ai senti. Je m’entraîne trop je le sais mais je ne sais pas m’arrêter, j’ai besoin de me rassurer, toujours, de sentir mes sensations. Il faudra que je me repose plus avant Chamonix sinon ça ne passera pas. D’autant que la semaine d’avant nous avons la tentative de record autour du Mont-Blanc ! « 

Victoire sans soucis pour Caroline Chaverot

Si chez les hommes la lutte pour le podium se déroula jusque dans les derniers mètres, ce ne fut pas le cas chez les femmes avec une belle balade en solitaire pour Caroline Chaverot, même si elle ne le savait pas. « Je n’avais aucune information concernant Juliette Benedicto ou qui que ce soit, je ne savais même pas qu’elle avait abandonné (sur douleur au genou, ndlr). En fait toute la course je me suis dit qu’elle ne devait pas être à plus de cinq minutes. C’était bizarre car avec le brouillard, j’avais la sensation de ne pas avancer. Je me traitais de nulle car j’avais les relayeurs qui me passaient, qui m’avalaient plutôt et je n’arrivais pas à relativiser. Au début Juliette est partie très vite, je suis restée à mon rythme et je l’ai rattrapée dans le Semnoz car si elle très très forte sur les parties roulantes même en montées, elle a plus de mal sur les sentiers techniques. Pendant quelques temps, on a ainsi alterné elle ou moi devant en fonction du terrain mais j’ai fait la différence dans une bonne descente technique. Ensuite le fait de ne pas savoir m’a permis d’être vigilante et je viens de réaliser qu’avec cette victoire je vais aux Mondiaux, c’est super ! Je n’y ai même pas pensé durant la course ! », s’exclame-t-elle en riant.Derrière,  Aline Grimaud et l’Italienne Virginia Oliveri complètent le podium. 

Alors que les arrivées s’égrainent petit à petit, le soleil a enfin décidé de prendre le pouvoir. Le brouillard s’est dissipé, la forêt a repris ses belles lumières éclatantes tandis que sur les sentiers, hommes et femmes du peloton tentent de rallier l’arrivée avant 21 heures afin d’être déclarés finishers.

Classement

• Maxi-Race (86 km, 5 300 m de D+) 

Hommes
1 . Sébastien SPEHLER , 8h45mn26s
2 . Fabien ANTOLINOS , 8h48mn54s
3 . Patrick BRINGER , 8h48mn56s (termine main dans la main avec Fabien Antolinos)
4 . Xavier THEVENARD , 8h49mn07s
5 . Clément PETITJEAN , 8h56mn52s
6 . Julien CHORIER , 9h06mn58s
7 . Anthony GAY , 9h11mn25s
8 . Julien COUDERT , 9h15mn19s
9 . Yann CURIEN , 9h30mn18s
10 . Ricky LIGHTFOOT , 9h31mn09s (Grande-Bretagne)

Femmes
1 . Caroline CHAVEROT , 10h15mn25s
2 . Aline GRIMAUD , 10h56mn15s
3 . Virginia OLIVERI (Italie) , 11h05mn12s
4 . Yulia BAYKOVA (Russie) , 11h12mn19s
5 . Katia FORI (Italie) , 11h25mn35s
6 . Amandine GUERDOUX 11h50mn21s
7 . Gaele GIOT , 12h25mn10s
8. Aude DIET, 13h26mn12s
9. Cécile FAULCON, 13h31mn05s
10 . Elise DELANNOY, 13h44mn53s

Les résultats complets de la maxi Race 2014

Nombre de partants : 1451 dont femmes : 71 (4,89% des partants)
Nombre d’arrivants : 1124 (77,46% des partants) dont femmes : 44 (3,91% des arrivants) (61,97% des partantes)
Nombre total d’abandons : 284 (19,57% des partants)

• Maxi Race relais à 2

Hommes
1 . Team Salomon Italie (Giulio ORNATI et  Giuliano CAVALLO), 8h27mn36s
2 . LES MUTES (David HENNEQUIN et Sebastien GROS), 9h51mn07s
3 . LES OURS (Jerome TERRIER et  Jean-Philippe CHARVET), 10h20mn15s

mixte
1 . RUN FOR EVER (Laurent GROLA et Sandrine CORNIER), 11h12mn02s

Le classement complet de la Maxi Race en relais à 2 2014

• Maxi Race relais à 4

Hommes
1 . Ensemble Au Sommet 2 , 7h37mn27s
2 . Team TECNICA 1 , 8h00mn46s
3 . COINS SECRETS , 9h08mn25s

Mixte
1 . TEAM SCOTT ODLO LED LENSER , 7h38mn23s
2 . Les Samm , 8h23mn01s
3 . Frosty’s Boys , 8h27mn53s

Le classement complet de la Maxi Race en relais à 4 2014

• Run Fémina (15 km, 1 100 m de D+) 

  

1 . Corail BUGNARD , 1h32mn36s
2 . Jillian GRAMS , 1h45mn31s
3 . Salome CANDELA , 1h49mn57s
3 . Mathilde BONNEFOI , 1h49mn57s
5 . Marielle DELETRAZ , 1h52mn34s
6 . Solenne MAILLER , 1h55mn54s
7 . perrine DUTRO , 1h56mn42s
8 . Daniela VILALLONGA , 2h01mn24s
9 . Eva DELMAS , 2h02mn04s
10 . Carine MEIZOZ , 2h02mn47s

Les résultats complets du 15 km féminin de la Maxi Race 2014

• Vertical Race (Vendredi 31 mai 2014) 

Hommes
1 . Pierre CHAUVET , 34mn05s
2 . Aurélien COLLET , 34mn39s
3 . Benjamin PETITJEAN , 34mn43s
4 . Etienne LOISEL , 35mn01s
5 . Michael FOURNIER-BIDOZ , 35mn14s
6 . Olivier MORIN , 37mn31s
7 . Benjamin LEMAY , 37mn34s
8 . Christian MALBO , 37mn53s
9 . Jean-Baptiste DE MISCAULT , 38mn54s
10 . Vincent VIET , 39mn00s

Femmes
1 . Anna FROST (Nouvelle-Zélande) , 40mn43s
2 . Laetitia DARDANELLI , 45mn10s
3 . Catherine JUILLAGUET , 46mn25s
4 . Agnes BARDY , 48mn27s
5 . Neige BARRAT , 51mn14s
6 . Celine SANTY , 52mn37s
7 . Amy SOSKA (Grande-Bretagne) , 55mn42s
8 . Jacques BOISSIERE , 56mn11s
9 . Berit KIESELBACH (Allemagne) , 56mn26s
10 . Charlotte KONC , 58mn14s

Le classement complet de la Verticale de la maxi Race 2014

Quelques photos