Ce devait être un match France Against the World. Ce fut Benoit Cori et Nuria Picas against the World. Des victoires sans contestation et pleines de talents.
Tout a commencé à 5h15 du matin, en ce dimanche 26 octobre 2014. La météo est idéale même si une bonne chaleur est annoncée pour l’après-midi et l’ensemble du peloton. La question est surtout, en cet instant, qui des Team France, Europe ou USA remportera la victoire et qui, sortira du lot pour s’imposer.
L’Équipe de France est pratiquement au complet que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. Philippe Propage, référant trail de l’équipe technique nationale du hors stade, est au rendez-vous pour assurer quelques ravitaillements pour les tricolores qui ne disposent pas d’une assistance. Pour les étrangers, des box ont été constituées par les coureurs et disposées tout au long du parcours.
Dès les premiers mètres, l’Américain Zach Miller prend les choses en main. A 25 ans, l’homme du Colorado qui a commencé le trail à 21 ans aime courir en tête. « Je stresse dès que j’ai des coureurs autours de moi. Alors je préfère être devant et assurer le tempo. » A Peyreleau après 20 km de course, il est donc à la poursuite du Polonais Marcin Swierc (team Europe) qui s’est détaché et dispose de 2 mn d’avance. Derrière le champion du monde de trail, l’Anglais Ricky Lightfoot suivi de l’Américain Chris Vargo. Côté Français Pascal Giguet fait un début de course tonitruant et court en compagnie de Chris Vargo mais aussi d’un certain Benoit Cori. En décembre 2013, ce dernier avait surpris tout le monde sur la Saintelyon en s’imposant (lire le compte rendu de la course). Personne ne le connaissait et il s’était imposé avec brio en prenant le contrôle de la course très rapidement. Là, il choisit de rester à l’abri, tout en restant non loin de la tête de course. Thibaut Baronian est là, tout comme Sylvain Court qui occupe la huitième place.
Pour le Team France, Fabien Antolinos est 20e, Maxime Cazajous 23e, Sébastien Spehler 25e, Nicolas Martin 30. Est-ce un mauvais jour ou une stratégie d’attente ? La suite dira que c’était plutôt un jour sans.
Dix kilomètres plus loin à Saint André de Veyzines, les choses s’éclaircissent. Zach Miller a pris le commandement avec 10s d’avance sur Marcin Swierc, Sylvain Court est à une minute. Suivent Sage Canaday à 20s et Benoit Cori 17s plus tard. Ricky Lightfoot est passé en 9e position (il sera contraint ensuite à l’abandon sur douleurs au genou à Massebiau tout comme Pascal Giguet, 62e km) tandis que l’Espagnol Miguel Heras entame sa remontée dans le classement.
« Je savais, comme sur la Saintelyon, que je n’avais rien à perdre. Je suis militaire, en activité, je ne connais pas mes missions à l’avance ni leur durée ni même mes temps de liberté, de fait je ne peux rien prévoir. De plus, j’ai été blessé et je n’ai pu recourir que depuis fin juillet. Heureusement avec ma victoire sur la Saintelyon, je peux maintenant prendre des dossards dans les derniers jours. Ce matin, je me disais qu’un top 10 serait bien, vu le plateau international. De fait, je suis resté au contact des premiers mais je n’ai pas pris les mêmes risques qu’en décembre ne connaissant pas suffisamment mes adversaires. Par rapport à la Saintelyon, c’était déjà mieux car depuis, j’ai suivi les résultats des Français donc je savais avec qui je courais ! »
A La Pierrefiche (45.3 km), Zach Miller passe avec deux minutes d’avance sur Sylvain Court qui dispose d’une minute de marge sur Benoit Cori. « Cela a été intense. Je suis mort, » explique Sylvain court sur la ligne d’arrivée. « Il a fallu courir vite tout le temps. Je dois dire qu’après le titre de championnat de France, je souhaitais un top 5. La semaine dernière les sensations n’étaient pas bonnes mais comme quoi il ne faut pas toujours s’y fier. Je suis resté au contact tout le temps, en m’accrochant. On a couru ensemble un bout de temps avec Benoit. Je n’ai pas toujours été très bien mais je parvenais à revenir dès qu’il me distançait. »
Ainsi à Massebiau (62,2 km), à dix kilomètres de l’arrivée et juste avant la montée du cade, Benoit Cori est à 12s de l’Américain, Sylvain Court à 2mn 30 du vainqueur de la Saintelyon. Au Cade, les écarts sont sensiblement identiques. Reste la dernière difficulté avec la montée à la Pouncho d’Agast. C’est là que tout se joue.
Zach Miller place l’attaque de trop
« Philippe Propage, mon entraîneur, m’a dit, c’est la dernière de l’année, donne tout, une minute ça se remonte, » raconte Sylvain Court. « Il est vrai que petit à petit, avec Benoit nous sommes revenus sur Zach. Et lorsque nous l’avons rejoint, il s’est passé quelque chose d’étrange. Il a semblé paniquer et a placé une attaque incroyable. Il s’est envolé. Benoit a décidé de contre attaquer afin de ne pas être trop distancé, j’ai préféré resté à mon rythme afin de ne pas me mettre dans le rouge. Une erreur ? Peut-être… »
De son côté, Benoit Cori, lui ne réfléchit pas trop longtemps. « Zach était vraiment impressionnant. Il a mené toute la course. Et lorsqu’il contre attaque, il nous met 1 mn en 5mn de course ! Je me suis dit qu’il était très fort mais qu’il ne fallait pas trop le laisser partir. »
« Je déteste lorsque des coureurs reviennent sur moi et je n’avais pas le choix car je savais que si j’attendais la descente, je serais battu, » explique l’homme du Colorado. Mais voilà, l’Américain a commis une erreur au niveau de ses ravitaillements. « J’avais pris de l’eau au dernier point et non de la boisson énergétique, de plus je n’avais qu’un gel. Je me suis retrouvé en hypo après mon attaque. J’ai joué, j’ai perdu mais j’ai tout donné et j’ai beaucoup apprécié la course. »
Zach se fait alors passer. Benoit Cori s’envole, Sylvain Court tente de revenir. « Je ne vais pas cacher. Même si je suis super content de cette deuxième place, je suis un peu déçu. On n’est pas dans une forme comme aujourd’hui tous les jours. Benoit était très fort, il n’y a rien à dire. J’ai fait une erreur de stratégie j’aurais du suivre, c’est aussi ça le piment du sport. Maintenant place à la récupération pendant trois semaines, un mois, puis je vais attaquer la préparation des mondiaux. Ce sera l’objectif majeur 2015. Je vais donc faire de la vitesse en début de saison avec les cross et un ou deux dix kilomètres car j’aimerais tourner autours de 31 mn et battre mon record de 32mn21s datant de 2009, puis, on fera du spécifique trail. »
Pour Benoit Cori, c’est la consécration. De l’émotion pure. À en oublier sa victoire sur la Saintelyon dans son discours en parlant d’une première victoire. Et pourtant voici bel et bien une superbe deuxième ligne à son palmarès. « C’est génial. J’y crois pas ! Maintenant je ne peux pas vous dire quand je serais encore au départ d’une course, avec mon boulot impossible de savoir. J’espère être sur l’Euskal Trail mais rien n’est sur. Je rêve aussi de l’UTMB mais comment faire quand on ne peut pas savoir si on sera libre ! »
Pour Zach Miller, c’est l’enfer. Ses deux compatriotes, Alex Nichols et Sage Canaday le passent et l’attendent sur la ligne d’arrivée. Ils devront le porter au poste de secours. « Ca va, j’ai récupéré, » explique-t-il quelques minutes plus tard, « c’est la course. Je reviendrai courir en France, c’est beau. J’aimerai venir sur l’UTMB mais avant je veux faire la CCC pour me tester mais je ne sais pas si j’ai mes points. Il faut que je regarde. »
Nuria Picas, reine de Millau
Chez les femmes c’est une troisième victoire et sans aucune contestation. L’Espagnole Nuria Picas a une nouvelle fois exprimé tout son talent sur les tracés du Grand Raid des Templiers. Dominatrice, elle est partie avec sa musique, et a apprécié chaque instant même si une certaine Juliette Benedicto est venu la titiller un peu. « Je ne la connaissais pas et elle m’a bien tenue sur une bonne partie de la course. Elle a une belle allure, elle est légère. J’avais l’impression d’avoir Emelie Forsberg à côté de moi. Elles courent de la même façon. »
Il est vrai que Juliette a effectué une superbe course pour grimper sur la deuxième marche du podium et devancer toutes les membres du Team France mais aussi du Team USA et Europe. «Je l’avoue, c’était un objectif. Je n’ai pas fait les championnats de France car je voulais faire les Templiers à bloc. En plus, je suis plus une adepte du trail pas trop long car j’ai besoin de courir tout le temps. Au-delà de 70 km, il faut gérer et la Maxi Race, qui sera la course des championnats du monde c’est plus de 80 km et un dénivelé de folie. Ce n’est pas encore pour moi. » Il est vrai qu’avec ses 28 printemps et ses deux ans de trail, elle a encore tout le temps…
A la troisième place, c’est l’Américaine Magdalena Boulet qui malgré un bon retour n’a pu revenir sur la Française qui s’est presque mise « au sprint » pour la contrer. Maud Gobert, après avoir pris la tête en début de course, termine quatrième.
Mais alors que les élites franchissent la ligne d’arrivée, le soleil brille de milles feux. La chaleur monte rendant la course de plus en plus difficile. Toutes et tous ont jusqu’à 20h15 pour venir à bout des 74 km et 3450m de dénivelé positif.
Les résultats
Hommes
- Benoit CORI (France), 06h36mn49s
- Sylvain COURT (Team France), 6h39mn15s
- Alex NICHOLS (Team USA), 6h43mn14s
- Sage CANADAY (Team USA), 6h45mn00s
- Zach MILLER (Team USA), 6h51mn01s
- Miguel HERAS (Espagne), 6h59mn05s
- Manu GAULT (France), 7h01mn10s
- Clement PETITJEAN (France), 7h01mn11s
- Marcin SWIERC (Pologne), 7h02mn43s
- Jonas BUUD (Suède), 7h04mn06s
Les autres résultats du Team France
13. Nicolas Martin, 7h09mn44S
14 . Fabien Antolinos, 7h12mn10s
22. Sébastien Spheler, 7h44mn38s
Maxime Cazajous, abandon
Femmes
- Nuria PICAS (Espagne), 07:51:46
- Juliette BENEDICTO (France), 08:00:33
- Magdalena BOULET ( Team USA), 08:02:40
- Maud GOBERT ( Team France), 08:20:18
- Aliza LAPIERRE (Team USA), 08:20:35
- Stephanie DUC (Team France), 08:24:53
- Holly RUSH (Team Europe, GB), 08:25:33
- Magdalena LACZAK (Team Europe, Pologne), 08:26:44
- Aurelia TRUEL (Team France), 08:28:39
- Cassandra SCALLON (Team USA), 08:36:15
Les autres résultats du Team France*
Caroline Chaverot, abandon
Le classement complet des Templiers 2014
Les statistiques
Nombre de partants : 2452 dont femmes : 178 (7,26% des partants)
Nombre d’arrivants : 1988 (81,08% des partants) dont femmes : 135 (6,79% des arrivants) (75,84% des partantes)
Nombre total d’abandons : 464 (18,92% des partants)
Classement Team
Hommes
TEAM USA | TEAM USA (20:19:15) – Alex NICHOLS – Sage CANADAY – Zach MILLER |
12 points (3e-06:43:14) (4e-06:45:00) (5e-06:51:01) |
Etats-Unis |
TEAM France | TEAM France (21:01:09) – Sylvain COURT – Nicolas MARTIN – Fabien ANTOLINOS |
29 points (2e-06:39:15) (13e-07:09:44) (14e-07:12:10) |
France |
TEAM EUROPE | TEAM EUROPE (21:28:42) – Marcin SWIERC – Jonas BUUD – Didrik HERMANSEN |
36 points (9e-07:02:43) (10e-07:04:06) (17e-07:21:53) |
Pologne, Suède, Norvège |
Femmes
TEAM EUROPE | TEAM EUROPE (24:44:03) – Nuria PICAS – Holly RUSH – Magdalena LACZAK |
16 points (1e-07:51:46) (7e-08:25:33) (8e-08:26:44) |
Espagne, Royaume-Uni, Pologne |
TEAM USA | TEAM USA (24:59:30) – Magdalena BOULET – Aliza LAPIERRE – Cassandra SCALLON |
18 points (3e-08:02:40) (5e-08:20:35) (10e-08:36:15) |
Etats-Unis |
TEAM France | TEAM France (25:13:50) – Maud GOBERT – Stephanie DUC – Aurelia TRUEL |
19 points (4e-08:20:18) (6e-08:24:53) (9e-08:28:39) |
France |
Quelques photos
3 réactions à cet article
christiane
Bravo à toutes et tous !une belle bagarre comme on les aime! Félicitations aux 2 premiers et Français notre drapeau tricolore à l’honneur
Merci
nogare
bonjour
où se trouve le classement général des courses ? merci
Sabine Dechaume (Rédaction)
Bonjour
En lien dans l’article ou sur la fiche course des templiers
cordialement