Etre polyvalent ne présente pas que des avantages. Cela peut vous imposer des choix cornéliens. Comme celui qu’a dû faire Julien Rancon durant ce printemps 2013. Sacré champion de France de course en montagne pour la troisième fois de sa carrière début juin (voir les résultats), le natif du Puy-en-Velay (43) pouvait prétendre à représenter la France cet été lors de deux échéances internationales : les championnats d’Europe de course en montagne et les Mondiaux de trail. Problème : les deux compétitions sont programmées le 6 juillet. La première en Bulgarie, la seconde au pays de Galles. Et même pour les sportifs de la trempe de Julien Rancon, le don d’ubiquité n’existe pas.
Il a donc fallu trancher. « J’avais plutôt envie de faire les championnats du monde de trail, explique l’intéressé. J’ai déjà participé aux Europe de course en montagne à plusieurs reprises. Mais c’est vrai que j’ai eu de bonnes sensations aux championnats de France et j’apprécie beaucoup les gens de cette discipline. Alors j’ai appelé quelques personnes qui pouvaient me donner leur avis de manière plutôt objective. Au final, les Mondiaux de trail, c’était l’occasion de voir autre chose ».
Lui qui a remporté le Lyon Urban Trail cette année (voir les résultats) et pris la cinquième place des Templiers 2012 (voir les résultats), va donc partir au pays de Galles. « C’est un peu l’inconnu pour moi. J’ai rarement couru sur ce format de course. Ce qui me pose le plus question, c’est le fait que ce soit des boucles (une boucle de 15 km à parcourir 5 fois, ndlr). J’ai un peu peur de la lassitude ».
Julien Rancon se sait en forme. Depuis son retour à la compétition après son opération du calcanéum en novembre 2011, les résultats sont là. « Mais tout peut très vite basculer sur ce genre de course. Une erreur d’alimentation, et tu peux passer du podium à la 20ème place ». Alors il n’annonce pas véritablement d’objectif pour cette échéance. Une chose est sure : « Porter le maillot de l’équipe de France, c’est vraiment quelque chose. Je suis certain que tout le monde va l’honorer dans l’équipe ».
Dix ans après sa première sélection internationale chez les séniors, le sociétaire de l’AC Ondaine Firminy confie « ne pas exclure grand-chose » pour l’avenir. « J’ai envie de faire ce qui me plaît. J’aime la diversité. Et avant tout j’aime courir ». Un marathon ? « Oui, j’aimerais bien essayer », lance celui qui a signé 1h05mn53s au semi-marathon de Paris 2013 (voir les résultats). Pour la deuxième partie de saison, il aimerait notamment participer aux championnats du monde de course en montagne (le 8 septembre en Pologne), puis aux championnats de France de trail le 6 octobre à Gap (voir la fiche). « Les championnats de France sur un jour, ça me paraît normal. Le TTN était devenu trop stratégique. Et c’était complètement illogique que quelqu’un puisse être devant toi sans jamais t’avoir battu ». S’il envisage également de participer aux Templiers, il tient à préciser que « les championnats de France seront bien à Gap. Et pour avoir connu l’émotion d’un titre de champion de France (en course en montagne, ndlr), et celle d’une victoire finale au TTN (en 2011 et également en 2010 sur le format court, ndlr), je sais que ça n’a rien à voir. Etre champion de France sur une course d’un jour, c’est un plus ».
En marge de ses entraînements – 9 à 10 fois par semaine – Julien Rancon gère aussi sa propre structure de coaching : R.A.C.E.S. (Rancon Accompagnement Conseils en Entraînement Sportif) à Chambéry où il s’occupe d’une vingtaine d’athlètes de manière régulière, « quasiment du débutant au très bon niveau » et trois clubs. Parmi les enseignements qu’il tire de ces deux années d’expérience dans la transmission et l’accompagnement : « La part très importante que prennent le relationnel et le côté psychologique. Je passe beaucoup de temps au téléphone, sans forcément parler le plus souvent du contenu technique des séances ».
Quant à son propre entraînement, il le gère lui-même. En jonglant avec « la longueur et l’intensité des sorties » selon qu’il prépare une course en montagne, un trail court ou un trail long. Et à propos de longueur, Julien Rancon affirme : « La course au toujours plus long m’inquiète. Pour la santé physique et mentale des gens. Et parce qu’on ne se prépare pas du jour au lendemain. Aujourd’hui, on a l’impression qu’un trail ne peut pas faire moins de 80 kilomètres. Ca m’inquiète pour les jeunes qui se lancent. Personnellement, actuellement, l’ultra ne m’intéresse vraiment pas ». Preuve qu’on peut aussi fixer des limites à la polyvalence.
Julien Rancon
Né le 18 novembre 1980
Club : ACO Firminy
Palmarès principal
2013
Champion de France de course en montagne
Vainqueur du Lyon Urban Trail
2012
Champion de France de course en montagne
Médaillé de bronze par équipe aux championnats d’Europe de course en montagne
2011
Vainqueur du TTN
Vainqueur du Gruissan Phoebus Trail
Vainqueur du Trail du Ventoux
Vainqueur du Trail Nivolet Revard
Médaillé de bronze par équipe aux championnats d’Europe de course en montagne
2010
Vainqueur du TTN court
Vainqueur du Gruissan Phoebus Trail
Vainqueur du 32 km des Gendarmes et des Voleurs de Temps
Vainqueur de la Montée du Grand Ballon
Vainqueur du 21 km du Trail Drôme Lafuma
Médaillé d’argent par équipe aux championnats d’Europe de course en montagne
Et également
Champion de France de course en montagne en 2007
Médaillé de bronze aux championnats d’Europe de course en montagne en 2006
Médaillé d’argent par équipe aux championnats d’Europe de course en montagne en 2006, 2007, 2008 et 2009
Médaillé bronze par équipe aux championnats d’Europe de course en montagne en 2005