C’est un compétiteur. Ses références chronométriques en attestent : 41mn sur le 10 km de la Prom’Classic en 2012 (voir les résultats), 1h26mn au semi-marathon de Lausanne en 2011, 4h56 sur l’Half Ironman de La Tranche sur Mer en 2012… Le genre de chronos qui ne sont pas donnés à Monsieur et Madame Toutlemonde.
Ca n’étonnera donc personne d’apprendre qu’Emmanuel Texier, 38 ans, enseignant en collège spécialisé à Luçon (Vendée), peut s’entraîner 12 à 16 heures par semaine en préparation d’une épreuve du type Half Ironman.
Ce qui est plus surprenant, c’est de le découvrir capitaine de l’équipe des greffés sur la Course du Cœur 2013 (voir la présentation de l’événement). Greffé, ce sportif dont les performances peuvent en faire pâlir plus d’un ? Oui, et à deux reprises, en 1998 et 2002. Deux greffes du rein, après deux années de dialyse à chaque fois. La Course du Cœur, à laquelle il a participé pour la première fois en 2012, c’est donc l’occasion de véhiculer un message : « La greffe, ça marche ». De casser des idées reçues, aussi car « beaucoup s’imaginent encore tout un tas de choses sur le don d’organes ». A ceux qui lui diront craindre que les corps ne soient rendus trop abîmés, il répondra donc que les prélèvements sont très encadrés, de manière éthique et dans le respect des personnes. Et à tous il expliquera qu’il est « essentiel d’en parler » avec ses proches, pour éviter toute prise de décision à la hâte et dans des circonstances souvent dramatiques.
Lui qui a pris le parti de « vivre à fond (ses) passions », travaille, profite de sa vie de famille et d’une vie sociale bien remplie, se réjouit d’ordinaire de passer inaperçu dans les pelotons. Sa greffe, elle « ne se voit pas ». Et d’ajouter : « j’évite de le dire dans ma vie quotidienne ». Mais il sait aussi combien il est essentiel de « communiquer autour du don d’organes. Même si tout n’est pas rose, que l’on a toujours des traitements et que l’on est davantage sujet à des infections, la greffe m’a permis de reprendre une vie ».
Capitaine de l’équipe des greffés, il entend transmettre son « peps » lors de cet événement qui reliera Paris aux Arcs à partir du 27 mars prochain. « Je ne suis pas là pour être compétiteur, ce n’est pas le lieu pour ça, surtout en tant que greffé. J’ai envie que tout le monde, à son niveau, se fasse plaisir, en fonction de ses attentes. C’est un événement qui permet de faire énormément de rencontres, tant au sein même de la course que dans les villages ou écoles que l’on visite ».
Pour la suite, il envisage de participer à l’Half Ironman de Vichy en septembre, avant, il l’espère, de prendre le départ d’un Ironman en 2014. Emmanuel Texier pense aussi aux Jeux Mondiaux des transplantés qui se dérouleront en août 2013 en Afrique du Sud. Mais il faudrait pour cela parvenir à financer le déplacement. Une chose est sûre : d’ici là, il continuera à sensibiliser le public au don d’organes. Parce qu’il est la preuve vivante qu’un simple « oui » peut redonner des ailes…