Yohann Metay : un peu d’humour dans ce monde de coureurs

Courez voir le spectacle « La tragédie du dossard 512 » !

« La tragédie du dossard 512 », one man show de Yohann Métay, propose un regard comique sur le monde de la course à pied et du trail. La rédaction de lepape-info l’a vu. Verdict.

Yohann Metay

Ce soir de fin novembre, la petite salle parisienne est pleine. L’assemblée est probablement composée en très grande majorité de coureurs, de traileurs, souvent accompagnés de leurs conjoints. Yohann Metay a choisi de faire de la course à pied, son terrain d’humour du moment. Son spectacle « La tragédie du dossard 512 » tourne un peu partout en France, et dans le « milieu », il est en train de se faire un nom.

Une heure trente durant, seul sur scène, il incarne un coureur lambda qui se lance à l’assaut de l’Ultra Trail du Mont-Blanc (lui-même l’a couru en 2006). Avec une énergie folle, il se moque tour à tour gentiment de cet engagement pris en fin d’une soirée (trop) arrosée. Des premiers regrets dès les douloureuses séances d’entraînement. Des séances d’ostéo qui se multiplient. Du fantasme sur la polaire de finisher dès l’arrivée à Chamonix. De l’ego gonflé à bloc par la musique de la course, « Conquête of Paradise ». De l’« esprit trail » qui vole en éclat sitôt le top départ donné. De l’ennui dès les premiers des 160 kilomètres. Des désordres gastriques. Des bénévoles qui croient bien faire en assurant « vous avez fait le plus dur ». Des moments de détresse intense qui chassent en quelques secondes les instants d’euphorie. Des hallucinations. De la faim qui, conjuguée à l’effort, ferait passer une ration de pâtes pour du caviar. De la raison qui fait ressurgir des pensées noires. « Qu’est-ce que je fais là ? ». « Et si j’abandonnais ? ». De l’ego qui incite à toujours pousser plus loin des muscles qui n’en peuvent pourtant plus. Du masochisme qui enfonce le clou et martèle « on est là pour en ch… ». Du foie incapable de produire du sucre à cause du « régime brocolis » des huit mois de préparation.

L’audience apprécie. Rit. Réagit. Et le comédien sait aussi ponctuellement se laisser aller à un peu d’improvisation.

Reste une question : faut-il courir, et a fortiori être un traileur, pour comprendre l’univers de l’humoriste ? Evidemment, les pratiquants se reconnaîtront davantage, ne serait-ce que dans le costume de scène : collant et bonnet de course, coupe-vent, camel bag, gourde. Dire l’inverse serait mentir.

Mais le message semble pouvoir toucher bien au-delà du simple clivage : « je cours/je ne cours », ou « j’ai déjà fait l’UTMB/je n’en ai jamais entendu parler ». Parce que cette « tragédie du dossard 512 », c’est avant tout l’histoire d’un mec à qui il ne faut pas dire « cap ou pas cap » ? Parce qu’il répond toujours « cap », quitte à se lancer sur l’UTMB sans en mesurer pleinement toutes les conséquences. L’histoire d’un mec qui regrette la silhouette de ses vingt ans pour avoir un peu trop abusé du cocktail « bière/frites ». On n’ira pas jusqu’à dire que c’est le profil type de monsieur et madame tout le monde. Mais cet homme qui saute à pieds joints dans un projet fou, sans possibilité de faire machine arrière au risque de décevoir ses proches… et de se décevoir lui-même, c’est une histoire qui ne parle probablement pas qu’aux coureurs…

Plus d’informations sur le spectacle et les prochaines dates sur le site de Yohann Metay

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