Etape du Trail Tour National court avec son 33 km, « Sur les traces du loup » est devenu un rendez-vous du trail. Rencontre avec Ludovic Chorgnon, dit le coureur fou (lire le compte-rendu de son Hymal Race 2013), créateur et organisateur de l’épreuve.
Lepape-info : Sur les Traces du loup s’est fait une petite place au soleil, au fil des ans, comment expliquez-vous ce succès ?
Ludovic Chorgnon : Rien n’est jamais dû à un point particulier mais à une somme de détails, qui pourraient paraître anodins ou banals et qui pourtant mis bout à bout font toute la différence. Pour résumer, je dirais que toute notre organisation est pensée dans les moindres détails pour surprendre, être 100% nature et la plus sauvage possible, offrir une parenthèse d’insouciance et une fête totale dans une vie chaque jour plus stressante pour beaucoup. Et cette réflexion touche bien évidemment la course, mais aussi l’hébergement, la fête, la communication, notre présence sur les salons, … tout doit concourir à faire comprendre qu’en choisissant de venir « Sur les Traces du Loup », le coureur ET sa famille ou ses amis ne le regretteront pas et qu’ils écriront vraisemblablement une page importante dans le livre de leurs bons souvenirs.
Lepape-info :Vous passez le quota d’inscrits à 1 800 contre 1 700 lors des derniers éditions. Avez-vous refusé beaucoup de monde l’an dernier et combien de coureurs pensez-vous pouvoir accueillir au fil des ans tout en gardant les spécificités de l’épreuve (ambiance, parcours 100 % nature avec des singles)…
L.C.: Il est difficile de dire combien de coureurs nous refusons car l’inscription se fait sur internet. De fait, elle se bloque d’elle-même. L’an dernier nous avions limité à 1700 coureurs mais nous avons fait l’effort d’en accepter 50 de plus avant de prendre la décision de bloquer définitivement. Mais nous savons que beaucoup ont tenté leur chance pour venir coûte que coûte même si c’était définitivement trop tard. Nous n’avons augmenté que de 100 dossards pour ne pas prendre de risque. Derrière notre volonté de limiter, c’est un choix guidé par la volonté de toujours assurer a minima le même niveau de qualité de A à Z de la manifestation.
Lepape-info :Quelle sera la thématique cette année ?
L.C.: La fête, la fête, la fête !!! Comme toujours nous prévoyons un spectacle surprise pour le départ histoire de satelliser les coureurs dans un week-end de folie festive.
Lepape-info :L’information importante 2014 est que vous avez décidé de modifier les parcours. Pourquoi cette décision ?
L.C.: Pour être honnête, on y pensait depuis quelques éditions mais on repoussait gentiment ou on ne réalisait que quelques modifications mineures. Mais comme je l’ai dit juste avant, notre volonté c’est d’assurer un niveau de prestation a minima au même niveau que les années précédentes. Cette année, notre parcours allait longer de très grosses coupes de bois effectuées dans notre forêt où la régénération est vitale. C’était l’opportunité de repenser complètement notre parcours. Et quand on a la chance de disposer de bois sauvages de 15km sur 15km, on n’a que l’embarras du choix pour innover tout en conservant 100% de l’esprit. Par ailleurs, notre croissance maîtrisée nous a permis de découvrir que l’élite qui joue le TTN avait été perturbée l’année dernière par les concurrents les plus lents du 17km qu’il fallait doubler sur le monotrace final. Cette année nous n’abandonnons pas le principe du long monotrace sauvage en fin de parcours, mais chaque course aura le sien.
Lepape-info : Quelles seront donc les spécificités du parcours ?
L.C.: Comme pour la fête, nous allons essayer d’emmener les coureurs de surprise en surprise. Nous ne sommes pas du tout dans l’esprit des courses déjantées mais nous allons utiliser tout ce que la nature nous met à disposition. Cela permet de typer grandement notre parcours avec des monotraces, des arbres à sauter, des gués à traverser avec de l’eau aux chevilles … ou aux cuisses à la fin, des lits de rivières asséchés en pierres à remonter, des raidillons à grimper en s’aidant des mains, des enchaînements de fossés, … et puis quelques surprises à conserver pour le jour J.
Lepape-info :L’organisateur, c’est à dire vous, à la réputation d’être un fou, vous confirmez ?
L.C.: Je démens fermement ces accusations, s’il n’était que fou on n’en voudrait pas ! (éclat de rire, ndlr) Un peu de folie dans un monde où tout le monde se prend trop au sérieux et passe son temps à se plaindre c’est une chance non ? Je dirais que deux citations m’aident à tout faire pour le rester le plus longtemps possible : « C’est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde fous » d’Erasme et « Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière » de Judith Malina.
Lepape-info :Plus sérieusement, est-ce que la course est à votre image ?
L.C. : Elle est nécessairement impactée par mon tempérament, mais elle n’est en aucun cas et ne sera jamais à mon image. Elle est à l’image d’un groupe soudé d’amis et à l’image d’un territoire. Elle a cette forte identité parce qu’elle nous ressemble et nous rassemble, mais elle ne doit appartenir à quiconque. Quant à ceux qui connaîtraient mes pratiques sportives en ultra, qu’ils se rassurent nous sommes à l’opposé de tout ça. On organise par passion et envie de faire découvrir un territoire (terrain et humain !) dont on est fiers et pas pour faire une course à son image et à ses plaisirs, ce serait trop égoïste.
Lepape-info :Enfin, une dernière question, quelles sont vos ambitions pour cette année et pour les années à venir ?
L.C.: Continuer à offrir de plus en plus de plaisir et une véritable parenthèse de jouissance totale dans la vie de chacun. Et ça pourrait paraître simple, mais se renouveler chaque année et réussir à faire mieux est un sacré challenge. Mais c’est à ce prix que l’on s’installera durablement parmi les courses références en France. Une ambition à laquelle bien peu de monde pense mais à laquelle je suis très attaché, c’est que chacun des 12 membres du comité d’organisation en premier lieu, puis les 250 bénévoles, prennent toujours autant de plaisir à donner sans compter de leur temps, car c’est également une des clés du succès. J’aimerais également à titre personnel passer d’ici 1 à 2 ans la barre des 2 000 coureurs (bien accueillis, CQFD !!) et atteindre la barre des 10 pays étrangers représentés sur la course, car nous organisons cette course à La Ville Aux Clercs, un petit village de 1300 âmes qui ressemble au village d’Astérix (c’est peut-être pour ça qu’il y a plein de sangliers dans notre forêt et que, chez nous, les courses se terminent par un banquet autour d’un énorme feu et durent toute la nuit…), c’est-à-dire un village où tout est possible !
Quelques photos