Un décor unique
C’est un décor surprenant qui attendait le peloton des concurrents du DUST à côté de Daklha, tout au sud du Maroc. Un bord de mer où le Sahara rejoint l’océan atlantique, où le sable, plutôt blanc et congloméré, vient rencontrer l’eau salée. Des falaises découpées, des collines de sable dur, quelques dunettes et aussi une ville et des complexes touristiques poussés comme des champignons, sous la volonté politique de développer la région et grâce aux conditions exceptionnelles offertes ici pour les sports nautiques. Nous sommes à plus de 1500 kilomètres de Marrakech en direction de l’équateur, la frontière mauritanienne n’est pas loin, mais le drapeau rouge et vert flotte fièrement sur cette région du Sahara occidentale, désormais bien connue des spécialistes de Kite Surf: le vent souffle en effet presque en permanence sur ce bord de mer découpé et offre des conditions exceptionnelles pour pratiquer ce sport aquatique. Mais c’est bien du trail running que les 65 coureurs vont tenter de pratiquer durant ces trois jours de courses, sur la terre ferme, ou presque.
Un terrain exigeant
Presque, parce que le sol alternait des portions dures et des zones de sable mou, entre plages et désert. Un exercice difficile et une découverte pour de très nombreux concurrents, puisque une bonne partie d’entre eux découvraient cet environnement particulier et la gestion de l’effort et des foulées qui va avec. “C’était une belle opportunité de découvrir ce type d’épreuves. Avec 3 étapes de 30 kilomètres (ou de 50 pour les plus “courageux”), la formule restait accessible. Ce n’est pas non plus une distance anodine dans un tel milieu, avec le sable et la chaleur, du coup ça me faisait un bon défi de fin d’année.” notait ainsi Fabrice Préaud avant de s’élancer pour la première étape.
Une première étape où les traileurs ont vite pu se rendre compte des éléments majeurs du parcours: le vent, d’abord, qui les accompagnent et les freinent, qui les rafraîchit aussi. La chaleur, ensuite, supportable mais tout de même bien présente. Les vastes lignes droites aussi, où l’on tente de prendre son rythme, de garder sa concentration. Où l’esprit peut s’évader aussi. Enfin, le sol, si particulier, où les appuis alternent entre fermeté et souplesse, où les pieds et les chevilles doivent souvent lutter pour rester dans le bon axe.
Vincent Viet, à la lutte avec les marocains
Un exercice nouveau qui a souri, lors de cette première étape, au coureur parisien Vincent Viet, qui termine en tête du 30 kilomètres, avalé à près de 15 kilomètre heure, devant un beau plateau de coureurs marocains. “J’ai tenté et c’est bien passé. Je suis surpris d’avoir pu me mêler à la lutte avec eux. J’ai attaqué sur le dernier kilomètre, dans une partie où les appuis n’étaient pas évidents.” Le traileur, qui a déjà brillé tant sur l’Eco-Trail de Paris que sur la CCC, mais qui vaut également 1h09 au semi, a ainsi grillé la priorité au grand favori de l’épreuve, Abdelkader El Mouaziz lui-même, vainqueur des plus grands marathons internationaux (Londres, New-York…) dans les années 2000 et qui se concentre depuis peu sur le Marathon des Sables. Il parviendra sur les deux étapes suivantes à distancer le français, pour une victoire sur le fil.
Nouvelles expériences
Pour d’autres, les foulées sur le sable se sont révélées plus compliquées à gérer. Ainsi, la marathonienne de Melun Flore Martunuzzi, créditée de 2h50 sur les 42,196 kilomètres, n’était pas forcément à son aise sur les portions les plus meubles de ce premier parcours: “Je cours principalement des épreuves sur route et je cherchais vraiment mes appuis. Difficile de maintenir un rythme régulier, ce qui est mon point fort, sur une telle surface.” Malgré une erreur de parcours qui lui coûte une (très) sévère pénalité de trois heures, Flore parviendra tout de même à remporter le classement féminin du 150 kilomètres. “Sur les deux dernières étapes, j’ai vraiment du pousser dans mes retranchements mais j’étais déjà plus à l’aise sur le sable.” indiquait elle après un apprentissage express mais réussi!
Les deux derniers parcours, tant sur le 30 que sur le 50 kilomètres, réservaient ainsi encore plus de technicité et de difficulté aux néophytes et aux habitués des courses désertiques: davantages de pentes sableuses, une chaleur plus difficile à gérer, de vastes zones où le sable s’enfonce sous vos pas, profondément. A l’arrière de la course, chacun adopte sa propre tactique pour résister: “ Ce n’est pas facile! Mais le paysage est beau et cela porte aussi, je suis très heureuse d’avoir ainsi pu enchaîner les étapes sans ressentir une immense fatigue.” déclare Muriel Jappont, ancienne sprinteuse de haut-niveau reconvertie avec bonheur dans la course de fond et le triathlon, également journaliste, “je découvrais encore de nouvelles sensations ici, sur le sable. Mais la durée des étapes, sur le 30 kilomètres, nous permettait de bien récupérer et surtout de profiter vraiment de la convivialité du bivouac” confirme elle ensuite.
Partage et compétition amicale
Une convivialité qui fut aussi un point fort de l’épreuve. Après chaque étape, dans le confort du bivouac installé au bord de mer, les participants ont pu ainsi mieux se connaître et conjuguer l’effort et le partage amical. Une franche camaraderie qui n’a d’ailleurs pas empêché une certaine compétitivité au fil des étapes “J’ai adopté une tactique d’accélération en fin de course pour remonter et distancer les potes qui m’avait un peu distancé lors de la première étape!” s’amuse ainsi à l’arrivée Grégory Herlez. “Il fallait savoir doser ses efforts sur les trois étapes et ce n’est pas si facile. On est pas à l’abri du coup de moins bien.” note-t-il encore.
Mais trois étapes, c’est aussi une bonne dose pour ceux qui découvre l’effort au jour le jour. Ainsi, prudent lors des deux premières journées, le triathlète Steven Le Hiaric a osé changer de rythme lors de l’ultime épreuve: “Je courais aux alentours de 5mn au kilomètre (12km/h), et là j’ai décidé de passer à 4mn (15km/h). Du coup, j’ai terminé à la 6e place de l’étape, entouré par les coureurs marocains. C’est vraiment une super sensation! Cela couronne ma course et mon voyage, qui fut rempli d’émotion et qui va rester un grand moment de ma vie sportive. Par le cyclisme et le triathlon, j’ai connu beaucoup de moments forts mais cette épreuve me donne vraiment envie d’axer ma pratique avant tout vers le plaisir de courir et la découverte. Courir dans le désert procure une réelle évasion, bien au-delà des notions de chrono et des carcans du sport trop réglé. J’ai découvert ici une autre dimension, sportive et surtout humaine. J’ai hâte de refaire mes valises pour une autre course de ce type!”.
Nul doute que d’autres coureurs viendront partager son enthousiasme du côté de Dakhla l’an prochain pour une nouvelle édition du DUST.
Les plus et le moins du DUST
- Les plus
Un décor étonnant et majestueux entre mer et désert.
Un bivouac tout confort au bord de la mer avec vue imprenable sur le ciel étoilé.
Un format de course (3X30 ou 3X50 kilomètres) à la fois “challenging” et accessible.
Une convivialité au top entre les coureurs.
Une épreuve taillée pour découvrir la course dans le désert et par étapes.
- Les moins
Un balisage plus que “discret”, posé au 4X4, qui a causé pas mal de souci, et causé des égarements.
Un timing de voyage un peu serré entre l’arrivée sur place, le début de la course et le retour.
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