« C’est la Gwada, avec tous ses charmes ». Kristof, gendarme breton en poste à Petit-Canal depuis le mois d’août dernier, vient de boucler son semi-marathon des Abymes en 2h16mn, « sans préparation ». Lui qui courait là le quinzième semi de sa vie de coureur à pied plutôt habitué des dossards, avec un record personnel à 1h44, développe : « Tu ne sais jamais vraiment où tu en es sur le parcours. Mais c’est sympa. J’étais venu là pour prendre du plaisir, et j’en ai pris tout le long. Je suis très heureux. J’ai été encouragé tout le temps. Cela dit, je crois que le drapeau breton y est pour beaucoup ». Et de conclure, en guise d’avertissement : « Quand même, il faut être un minimum préparé pour venir courir ici. Sinon, si on arrive de métropole, avec le décalage horaire (6 heures avec Paris) et la chaleur, sur ce parcours, ça peut faire mal ».
Samedi 16 mai 2015. Le thermomètre affiche 33°C. 57% d’humidité. Probablement plus un temps à aller bronzer aux pieds des palmiers sur les plages de sable fin de Sainte-Anne, à une trentaine de kilomètres de là. Qu’importe, pour les 436 inscrits sur cette 25ème édition de l’événement (qui propose également un 10 kilomètres), pas de maillot de bain. En revanche, un accessoire incontournable : la bouteille d’eau. Alors qu’ils trottinent pour s’échauffer avant le coup de starter, tous ou presque s’hydratent jusqu’à la dernière seconde. C’est que le point chaud – au sens propre – de cette course, c’est l’heure du départ : 15h45. « C’est vrai qu’ils ne choisissent pas forcément l’horaire idéal, sourit Murielle, habituée de l’épreuve et le visage couvert de crème solaire. Mais la population est chaleureuse ».
Affirmatif. Tout au long des deux boucles du parcours, les locaux ont joué les pompiers. Ils ont sorti les glacières et arrosé tant qu’ils le pouvaient les héros du jour. Tendu des bouteilles d’eau. Des premiers – le Burundais Abraham Niyonkuru et l’Ukrainienne Svitlana Stanko vainqueurs de ce cru 1015 – aux derniers. Surtout que le tracé est vallonné. Très vallonné. « Ca m’a un peu surpris, je n’aurais pas cru », confie Kristof. « Parfois, l’air est du coup encore plus étouffant », poursuit Laurent, militaire à Baie Mahault et finisher en 1h35.
Le terrain et les conditions ne sont pas faciles. Les locaux le savent. Alors au sommet d’une des nombreuses côtes, les spectateurs se sont resserrés, à l’image de ce que l’on voit parfois sur les épreuves cyclistes. « Allez, il faut les encourager, je l’ai fait pendant six ans, je sais ce que c’est », s’égosille l’une des locales de l’étape en tapant des mains. Plus loin, dans un virage des premiers kilomètres du deuxième tour, Suzette qui « court trois fois par semaine le matin pour garder la santé », s’évertue à redonner du courage à ceux et celles qui commencent à en manquer. A un coureur qui se retourne, elle lance « Ne regarde pas derrière, ça décourage ». Et puis, entre deux encouragements, elle fait la circulation. Parce que – il faut le savoir – la chaussée n’est pas entièrement réservée aux coureurs. Ces derniers sont sensés courir sur la voie de droite. Mais évidemment, c’est tentant de couper certains virages. « Il faut les comprendre, concède Suzette qui fait signe aux véhicules arrivant en sens inverse. Ils sont fatigués, en plus avec la chaleur… »
Un habitué des courses généralement bien plus disciplinées de métropole, pourrait se demander où il a atterri. Sauf que, c’est « la Gwada, avec ses charmes ». Ces gamins qui ont participé aux courses enfants dans la matinée et posé sans relâche avec leurs trophées. Ce petit village course et ses pâtisseries et autres réjouissances « faites maison ». Par exemple « du gâteau à l’ananas et de la quiche au thon », cuisinés et vendus par Maryse, histoire « d’arrondir un peu les fins de mois ». C’est aussi cette petite Sephora qui, un kilomètre avant l’arrivée, distribuait sans relâche des bouteilles d’eau, tee-shirt de son club d’athlétisme des Guépards des Abymes sur le dos, et des étoiles plein les yeux. « Vous serez surpris, avait prévenu Edouard Dyvrande, chef d’orchestre de l’événement. Ici, il faut que les gens soient au plus près des coureurs. Il y a une ferveur populaire ». Assurément un des meilleurs atouts de l’événement.
Les résultats
- Semi-marathon
Hommes
- Abraham Niyonkuru (BUR), 1h09mn17s
- Christopher Zablocki (USA), 1h09mn24s
- George Towett (KEN), 1h09mn51s
- Josephat Muraga (KEN), 1h09mn56s
- Damien Gras (FRA), 1h09mn58s
Femmes
- Svitlana Stanko (UKR), 1h19mn07s
- Caroline Kiptoo (KEN), 1h20mn44s
- Chhaltu Bedo Bedo (ETH), 1h23mn27s
- Corinne Herbreteau (FRA), 1h23mn40s
- Tonya Nero (TRI), 1h25mn16s
- 10 km
Hommes
- Fabrice Thiery (FRA),34mn31s
- Gaétan Fetaud (FRA), 35mn39s
- Gaël Laumuno (FRA), 36mn01s
Femmes
- Fabienne Massolin (FRA), 42mn30s
- Astrid Laurent (FRA), 42mn51s
- Gwenaelle Cavalli (FRA), 46mn31s
Quelques photos du semi-marathon des Abymes 2015