Championnats de France de cross : les trailers au cœur de la bagarre !

Meyssat – Rancon, athlètes multi-tâches inoxydables

Ce sont les Masters qui ont ouvert le bal à Carhaix sur un parcours boueux, tortueux, ponctué de relances et de bosses courtes et longues. Dans de telles conditions, les appuis sont fuyants, la boue absorbe l’énergie de chaque foulée, le rendement est médiocre voire nul, ce qui nécessite un regain permanent de force.

Or c’est justement par cette qualité que les trailers se distinguent comparativement aux coureurs sur route (voir étude de Frédéric Pastor ci-dessous, résumée et illustrée par Yann Le Meur).

Sur un parcours roulant et dur (c’est-à-dire avec une bonne restitution de l’énergie élastique), c’est l’économie de course qui aurait prévalu avec avantage pour les routards-pistards ; mais sur le parcours de Carhaix, c’est la force qui prédomine.

Ainsi, on a pu voir s’illustrer dès la première épreuve, celle des Masters, 2 coureurs rhônalpins qui trustent les sélections en équipe de France de montagne depuis la catégorie des Juniors : Emmanuel Meyssat et Julien Rancon.

C’est au train que Manu Meyssat s’est inexorablement échappé, se jouant des difficultés du terrain et maintenant à distance son ex-camarade de club à Firminy Julien Rancon, qui prendra la 2ème place à 15 secondes du leader. Rappelons tout de même que Manu Meyssat s’était auparavant maintes fois illustré chez les séniors sur cross court, souvent dans le top 15, et même 7ème lors d’un précédent championnat breton dans la boue !

La question à se poser est la suivante : faut-il être un bon crossman pour s’illustrer en montagne et en trail ? ou bien faut-il être un solide montagnard pour performer en cross ?

Nous y reviendrons par la suite.

Un podium féminin historique

D’autres coureurs nature se sont particulièrement illustrés en Bretagne. C’est le cas par exemple du junior Anatole Berthou, double champion de France de la montagne cadet puis junior. Hier, il prend une magnifique 4ème place, battu au sprint pour le podium par Pierre Boudy, lui aussi présent aux championnats du monde de la montagne 2022 en Thaïlande, mais spécialiste de la piste et de la route.

Enfin, on attendait beaucoup de la double championne du monde de trail Blandine L’Hirondel, 2ème de ses interrégions, et particulièrement avantagée par le parcours impitoyable de Carhaix. Au fil des kilomètres, elle a fait parler sa force et sa détermination pour venir récolter le bronze, du jamais vu à ce stade de la compétition.

Espérons que ces quelques exemples vont ouvrir la voie à de nombreux autres coureurs soucieux de préparer leur saison estivale de manière différente et fructueuse.

Via le cross, les athlètes gagnent en puissance aérobie, en force, reculent leur vitesse au seuil, progressent en compétitivité, et apportent de la variété dans la construction de leur saison.

Le cross a ceci d’extraordinaire de rassembler toutes les familles de l’athlétisme ainsi que les triathlètes. Et puis soyons clairs, le trail est une discipline qui requiert à présent de nombreuses qualités physiques pour performer au meilleur niveau. La pratique du cross est donc une évidence. Mais cela devrait marcher également dans l’autre sens.

En effet, les énormes performances réalisées par les coureurs de montagne et trail à Carhaix devraient interroger les entraîneurs sur la nécessité d’avoir une pratique en nature plus aboutie, susceptible d’apporter plus de force et donc de résistance à la fatigue, une qualité essentielle sur la route.

Et espérons enfin que le trail trouvera une place plus adéquate au sein des clubs fédéraux, et que l’activité soit définitivement reconnue comme une discipline à part entière de l’athlétisme.