Lepape-info : Arnaud, le titre européen au bout d’une course de rêve
Arnaud Dely : Cela s’est passé comme je le voulais, j’étais assez en contrôle lors de la première course à pied sur un parcours avec beaucoup de virages et de relances, je savais que je nous pouvait pas faire de grosses différences, je me suis placé devant avec Mario Mola pour éviter les chutes ou glissades dans les virages serrés. Tout s’est bien passé à vélo avec juste une échappée du Néerlandais Thomas Cremers parti seul au 3e tour pendant un tour. J’ai décidé de le rejoindre avec un autre Néerlandais Valentin Van Wersch. On s’est retrouvé tous les trois devant, je savais que Thomas était un très gros rouleur, on s’est plutôt bien entendu sur la fin de partie cyclisme même si les 2 Néerlandais fatigués avaient du mal à assurer leur relais. On pose le vélo avec 20 secondes d’avance sur les poursuivants et je fait ma course en essayant de tout donner, je m’échappe mais sans trop penser au titre.
C’est seulement à 200 m de l’arrivée avec l’écart creusé que j’ai pu profiter de la dernière ligne droite sur le tapis bleu pour aller chercher le titre après une course parfaite, pas facile mais assez constante. Je n’ai jamais du faire un effort de trop, pour une fois c’est vraiment moi qui ait décidé comment la course allait se dérouler.
Arnaud Dely : « Quand on s’entraîne avec des triathlètes comme Marten Van Riel ou Charles Paquet qui sont de gros cyclistes qui seront aux Jeux olympiques et qui visent des médailles on obtient ce résultat, c’est grâce à eux que j’ai progressé. »
Lepape-info : Ce titre européen représente beaucoup pour vous
A.D : Cela fait beaucoup de temps que je tourne autour avec des podiums, j’avais déjà été sacré chez les espoirs. C’est l’accomplissement d’années de travail, d’entraînement, de sacrifices lorsque je suis loin de ma famille, lorsque je fais attention à mon alimentation. Le sport de très haut niveau se joue sur des détails, l’an passé quand je suis vice-champion d’Europe le titre m’échappe au sprint pour 2 secondes.
Lepape-info : Vous aviez très bien préparé ce championnat
A.D : Depuis que j’ai changé de groupe d’entraînement, je sentais qu’à vélo j’étais un cran au-dessus avec des indices de puissance améliorés de 20 à 30 watts sur toutes les distances et les durées. Quand on s’entraîne avec des triathlètes comme Marten Van Riel ou Charles Paquet qui sont de gros cyclistes qui seront aux Jeux olympiques et qui visent des médailles on obtient ce résultat, c’est grâce à eux que j’ai progressé. J’ai rejoint ce groupe à la rentrée dernière car je voulais retrouver cette philosophie de davantage m’entraîner comme un triathlète. Avec mon ancien coach, je m’entrainais plus comme un coureur qui roulait à vélo, là je me sens plus comme un « triathlète » mais qui nage toujours pas. Cela me rappelle quand j’ai commencé le triathlon à 18 ans avant de passer sur duathlon. Mon choix est payant et ravi de l’avoir fait.
Arnaud Dely : « Sur le podium, Benjamin Choquert m’a fait remarqué que l’on entendait pas souvent l’hymne Belge, je lui ai répondu en plaisantant qu’il allait falloir s’y habituer. »
Lepape-info : Qu’entendez-vous par s’entraîner comme un triathlète ?
A.D : Avoir une vision de l’entraînement avec plus de volume, ne pas avoir peur d’en faire beaucoup sans tomber dans le surentraînement. Je m’entraîne de façon beaucoup plus intense à vélo et aussi en simulation de course, on fait parfois des séances à 5-6 gars et on se passe les relais presque à bloc, je ne le faisais jamais avant avec mon ancien coach. Je faisais mes séances seul de mon côté, avec les séances collectives intenses j’ai passé un cap. Quand je regarde ma course c’est la répétition de ce que je fais à l’entraînement, preuve que mon choix de rejoindre ce groupe était le bon.
Lepape-info : Beau tir groupé des Français derrière toi avec Benjamin Choquert 3e, Emile Blondel Hermant 4e, Krilan Le Bihan 5e et Thomas Laurent 7e
A.D : La France est toujours parmi les favorites sur les grands championnats avec une densité énorme. Les Français ont du gérer une situation qu’ils n’ont pas trop l’habitude d’avoir avec un favori dans une échappée devant avec 20 secondes d’avance, ils étaient plus dans l’optique de se demander qui allait rouler et ils ne voulaient pas faire l’effort de trop à vélo et le payer sur la dernière course à pied afin de garder une chance d’être sur le podium. À ce sujet, je tiens à souligner la belle cohésion de l’équipe Belge qui est restée soudée du début à la fin.
Cela faisait du bien pour une fois d’entendre l’hymne Belge sur le podium après avoir souvent eu la Marseillaise plein d’autres fois avec notamment un triplé il y’a deux ans. Sur le podium, Benjamin Choquert m’a fait remarqué que l’on entendait pas souvent l’hymne Belge, je lui ai répondu en plaisantant qu’il allait falloir s’y habituer. Le duathlon est un sport qui compte en Belgique avec une volonté de professionnaliser plus intensément la discipline avec 3 titres sur l’ensemble du championnat d’Europe avec Jeanne Dupont 2e et sacrée chez les espoirs et chez les hommes Martin Oldenhove 10e au scratch mais champion d’Europe espoirs aussi et une autre médaille de bronze. Nous avons à cœur de redevenir la meilleure nation mondiale du duathlon.
Lepape-info : Quels sont vos prochains objectifs ?
A.D : Les championnats du monde à la mi-août en Australie, je prends une semaine pour récupérer mentalement et ensuite je repars pour un mois à Font-Romeu pour préparer les Mondiaux avec comme objectif de faire le doublé. On sait que le niveau en Europe est le plus élevé au monde, normalement on ne devrait pas avoir de grosse surprise des autres duathlètes en dehors de l’Europe, je pense arriver sur place au moins 10 jours à l’avance pour encaisser le décalage horaire et j’espère que la Belgique sera performante. Le doublé serait génial mais maintenant j’ai la pancarte de favori. Ce titre me débloque mentalement, je me dis que je peux gagner des titres avec la manière et que je ne dois avoir peur de personne sur une course.